Good Morning Funan, c'est parti!!

Après plus de 2 ans de travail, il était temps pour Denis et Michael (l’auteur graphique du projet), rejoints en cours de route par Magali et Elise (les 2 scénaristes), de partir s’immerger au Cambodge afin d’enrichir le développement du film, de lui conférer une authenticité sur les faits historiques et sur ce qu’est vraiment ce pays. Patrick et Thomas ont rejoint à leur tour l’équipe à l’occasion de ce voyage. Au programme visites de Phnom Penh, des campagnes et des villages environnants, beaucoup de documentation sur les paysages, les habitations, le mode de vie des Cambodgiens, les marchés, la nourriture et les Cambodgiens eux-mêmes, leur physique, leur gestuelle, leurs coutumes, etc. Mais aussi beaucoup de travail sur le film lui-même, l’avancement du séquencier, des recherches graphiques et techniques…

samedi 4 février 2012

This is the end

C'est un peu tardivement que nous clôturons ce blog !

Nous espérons que vous avez pu suivre notre petite aventure avec plaisir à travers nos articles et photos.

Nous tenions également remercier tout spécialement toutes les personnes et organismes que nous avons pu rencontrer au cours de ce voyage, qui nous ont aidé d'une manière ou d'une autre à la progression de Funan, en espérant que l'on oubliera personne :

le centre Bophana ; Cannelle ; Thomas Charra (qui a participé aux essais en animation, s'est occupé d'une partie du blog et des photos) ; Monsieur Chheng ; Marion Clanet (pour son aide à la traduction d'un dossier en anglais) ; Monsieur Do, le père de Denis ; Cédric Eloy et Kim Sophea de la Cambodia Film Commission ; Mathieu du Cabaret Vert ; Estelle Maton du site visiting-cambodia.com ; Patrick (qui a participé aux essais en animation) ; Olivier Planchon de l'Institut Français du Cambodge ; François Ponchaud ; Stéphane, notre guide dans les campagnes ; tous les villageois que nous avons pu croiser et qui nous ont très généreusement accordé un peu de leur temps, et un peu de leur mémoire, notamment au village de Popel ; la Fondation Lagardère sans qui ce voyage n'aurait pu être possible.

Et bien sûr, merci à vous, chers lecteurs, d'avoir fait un petit bout de chemin avec nous durant ces quelques semaines.

On espère que cette liste continuera de s'allonger... et qu'elle finira au générique du film en 2015 !

On vous dit à bientôt pour des nouvelles de Funan, le peuple nouveau !

PS : un petit bonus pour la route ! Une danse du dragon que nous avons pu voir pendant les festivités du nouvel an chinois au Cambodge, dans la maison de l'oncle de Monsieur Chheng !



lundi 23 janvier 2012

Le vol des ordinateurs

Il nous est arrivé une bien étrange aventure durant ce voyage ! Une aventure qui aurait pu tourner à la catastrophe, car elle aurait signifié la perte de plusieurs mois de travail, notamment en termes de recherches graphiques. Egalement la perte de toutes nos photos, vidéos de repérages durant nos voyages à la campagne avec Stéphane. Tous ces moments uniques, passés avec des gens qui ont eu l'immense générosité de nous parler un peu d'eux, de partager avec nous leur passé... tous ces moments seraient partis en fumée. Cela aurait enfin signifié une perte financière non négligeable (un bon millier d'euros au moins). Un énorme coup dur dans la progression du film.

En effet, au cours du voyage, les ordinateurs portables de Michaël et Magali nous ont été volés. La palette graphique de Michaël également. En somme, une bonne part des outils de travail les plus importants de ce voyage.

Michaël avait transféré et sauvegardé régulièrement photos, vidéos prises pendant nos voyages à la campagne, sur son ordinateur portable. Ceci afin de vider les cartes mémoires de ses appareils photos numériques pour pouvoir prendre le maximum de choses. Il avait tenté plusieurs fois (en vain) de transférer ces fichiers sur internet. Mais les connexions wifi ne sont guère satisfaisantes dans les hôtels cambodgiens... Il n'avait donc pas pu réaliser de sauvegardes ailleurs en cours de route.

Alors ce samedi 21 janvier et ce dimanche 22 janvier 2012, veille de l'année du dragon, nous avons bien cru tout perdre en un claquement de doigts. Par excès de confiance.

Le lundi 16 janvier, nous avions fait appel à la société http://www.lyna-carrental.com/ pour louer un 4x4. Ceci afin que nous puissions, tous les 4, faire le voyage dans les villages à la campagne. Les routes terreuses, voire boueuses que nous devions emprunter n'étaient praticables qu'avec ce genre d'engin.

La société nous avait semblé sérieuse, avec des tarifs qui nous semblaient compétitifs (on nous avait fait un forfait journalier qui devait comprendre l'essence)... On était par ailleurs en urgence : il fallait à tout prix trouver un moyen de locomotion pour le mercredi qui venait. Les dates ne pouvaient pas être changées compte tenu de l'organisation de notre voyage et des disponibilités de Stéphane.

Nous avons ainsi commencé à rouler le mercredi avec un chauffeur, nommé "Canon"(douce ironie), un type très souriant... aimable et réservé, roulant très prudemment. A bord de notre Mitsubishi Montero, nous nous sommes sentis en confiance.

La première déconvenue a été lorsque le chauffeur nous a annoncé que l'essence n'était pas comprise dans le forfait. Après un coup de fil téléphonique un peu tendu de notre part, il s'est avéré que l'agence n'avait pas été assez claire dans son discours. Nous avons donc dû puiser un peu plus de notre cagnotte pour payer tout ça.

Pour la suite du voyage, il n'y a pas eu de problèmes particuliers, hormis un 4x4 souvent paresseux sur la climatisation et faisant un bruit un peu étrange. Le chauffeur nous semblant sympathique, nous l'avons invité à déjeuner pour le dernier jour (chose que nous n'avions aucune obligation de faire : il était compris dans le forfait que le chauffeur devait se débrouiller pour ses repas et logements durant le voyage). Il s'est ouvert assez naturellement à Denis en lui parlant khmer. Tout allait pour le mieux.

Au retour de Phnom Penh, nous avons déchargé nos bagages et nous sommes rentrés à notre appartement. Dix minutes plus tard, nous réalisions que dans nos bagages manquaient une sacoche.
Celle qui contenait les ordinateurs de Michaël et Magali, ainsi que la palette graphique.

Affolés, Michaël et Magali sont retournés à l'agence de location pour vérifier qu'il n'y avait pas d'oubli dans le 4x4. Ils se sont également demandés s'ils n'avaient pas pu oublier cette sacoche dans un hôtel à Battambang... Mais cela restait très peu probable, ils étaient quasi sûrs de l'avoir chargé dans la voiture. Alors où pouvait bien être cette fichue sacoche ?

A l'agence, Michaël et Magali ont fait face à un Canon au bord des larmes, car engueulé par son patron et quasi certain de perdre son emploi pour cette perte. En effet, on a appris seulement à ce moment-là que le verrouillage centralisé du 4x4 fermait les portes... mais pas le coffre. De plus, l'alarme ne se déclenchait non pas à l'ouverture du coffre... mais seulement à sa fermeture ! Le véhicule, laissé sans surveillance à plusieurs reprises (notamment lorsque nous avions invité le chauffeur à déjeuner) a ainsi pu être volé par l'arrière... Il s'avère que le chauffeur savait ce détail mais l'avait "oublié" pendant le voyage ! L'agence, elle, prétendait ne rien savoir.

Michaël et Magali se sont bien évidemment énervés. L'agence dans son ensemble était responsable de cette perte : il fallait au moins un dédommagement, même symbolique, pour une telle incompétence. Mais le patron a reporté toute la faute sur son chauffeur et a refusé d'endosser la moindre responsabilité. Michaël et Magali sont ainsi rentrés à l'appartement dépossédés d'une partie de leurs biens. Et du travail effectué pour Funan.

Nous avions cependant de la peine pour Canon qui, malgré son incompétence, ne nous paraissait pas coupable : il s'était montré professionnel sur tous les autres aspects du voyage, bienveillant et inspirant la confiance. Aussi, voyant qu'il pouvait être menacé de perdre son emploi, Denis a finalement rappelé l'agence pour leur demander de ne pas renvoyer Canon : il a souhaité qu'il soit son chauffeur pour des voyages à venir. L'agence a répondu que ce n'était pas la première fois que des gens se plaignaient de Canon. Mais nous avons quand même insisté pour prendre sa défense.

Nous avons passé un dimanche assez pénible et douloureux, prévoyant un nouveau voyage pour recollecter des images, des vidéos qui serviraient de référence pour le film. Pour tenter de retrouver ce que l'on avait pu perdre. Cependant, nous étions si tristes d'avoir perdu ces souvenirs uniques, exceptionnels. Il nous restait une semaine à passer à Phnom Penh pour essayer de finir ce que l'on avait commencé. Mais le coeur n'y était plus.

Ayant eu vent de l'affaire, le père de Denis, vivant à Phnom Penh, a aussitôt appelé l'agence de location de véhicules et le chauffeur pour les menacer, tour à tour. Pour lui, cela ne faisait aucun doute : soit l'un, soit l'autre, soit les deux étaient responsables de ce vol des ordinateurs. Ayant quelques relations dans la police, il a donc fait pression, menaçant d'une perquisition dans leurs locaux...

Le lundi arrive, jour de la nouvelle année du dragon. Michaël a appelé Monsieur Chheng, un de nos contacts à Phnom Penh, ayant pas mal de relations au Cambodge car ayant travaillé pour le gouvernement. On lui a demandé, très simplement, comment porter plainte dans ce pays... Michaël s'est ainsi retrouvé à raconter toute l'histoire des vols. Monsieur Chheng a alors promis de nous voir l'après-midi même pour discuter de tout ça.

Ensuite, Canon nous a appelé. Il voulait nous voir pour nous parler...! Nous ne savions guère à quoi nous attendre. On a même imaginé que Canon avait perdu son emploi et qu'il venait pour des représailles... On se disait aussi qu'il allait nous ramener des ordinateurs bas de gamme, trouvés ailleurs, en guise de compensation.

Nous l'avons donc retrouvé dans notre petit QG aux serveuses plus qu'incompétentes mais situé au pied de notre immeuble, le Green Park. Assis, souriant, le charmant petit bonhomme nous a annoncé qu'il avait une bonne nouvelle. Là, il a sorti une sacoche – pas celle que nous connaissions, une autre. Nous l'avons ouverte... et les ordinateurs étaient là. Avec la palette. Petit détail : il manquait juste le stylet lié à la palette graphique.

Ahuris, hébétés, soulagés. Nous ne croyions plus pouvoir retrouver ces objets un jour ! Tous les documents de travail, tous ces témoignages précieux de notre voyage, tous nos documents de référence pour la suite, tous retrouvés, d'un seul coup. Après avoir cru que tout avait été perdu à jamais. Les larmes n'étaient pas loin.

Là a commencé la grande parade de Canon, qui nous a raconté comment il a roulé 6h en bus jusqu'à Siem Reap. Il connaissait bien un petit gamin, qui l'a sauvé une fois d'un accident de moto. Ce gamin, il l'a revu quand il a fait le plein à Phnom Penh sur notre voyage de retour. Le reconnaissant, Canon lui a offert un coca... et lui a dit de se servir dans le coffre. Ce serait à ce moment-là que le gosse aurait profité de l'occasion pour voler la sacoche. Et pour partir ensuite à Siem Reap.

Les appels de flics auraient interpelé Canon, qui aurait tout de suite pensé à ce gamin et serait donc parti faire le voyage... Il aurait par bonheur récupéré nos affaires là-bas ! Ah le brave sauveur. En nous restituant nos affaires, il nous a demandé :
- que les polices cessent leurs recherches,
- qu'on lui rembourse le prix du voyage pour Siem Reap (soit disant 20 dollars alors que nous savions qu'il n'en coûtait que 5) et la journée de travail qu'il avait perdue pour aller là-bas chercher nos affaires (20 dollars de plus).
En somme, notre charmant héros voulait qu'on le "récompense" pour ses "efforts". Denis a fait habilement remarquer à Canon qu'il devrait plutôt demander compensation au soi-disant gamin voleur... C'est bien de sa faute à lui s'il a perdu ce temps et cet argent à récupérer les ordinateurs !

Bref, toute cette histoire ne tenait absolument pas la route : cette histoire de gamin ayant pioché dans le coffre est très peu probable (à la station service, la plupart d'entre nous était restée dans la voiture et nous n'avons pas vu de gamin ouvrir le coffre pour se servir en boisson), le patron de l'agence nous a ensuite dit que Canon n'était pas du tout parti à Siem Reap et avait assisté à une réunion de travail la veille.

En somme... Il ne faut effectivement faire confiance à personne. Nous avons aussi déduit que les appels du père de Denis avaient dû faire leur petit effet sur tout le monde.

L'après-midi, pour finir, nous avons bu un coup avec Monsieur Chheng. Cet homme généreux et souriant nous a très simplement expliqué qu'après le coup de fil de Michaël, il avait appelé la Protection Territoriale. Une police au-dessus des polices, chargée notamment de démanteler des réseaux. Des sortes de services secrets khmers...! Cette police aurait aussitôt contacté l'agence de location ainsi que notre cher chauffeur. Ce qui a donc dû produire son petit effet aussi...!

Monsieur Chheng a même envisagé de demander à geler le réseau de vente de matériel informatique d'occasion pour aider à retrouver notre matériel...! Il nous a enfin parlé d'un trafic de vols de ce type ayant cours dans des agences de locations de voiture. Lyna Car Rental pourrait bien faire partie de l'une d'elles ! Ainsi aurions-nous, grâce à Funan, démantelé un réseau ?

Nous n'avons pas eu de nouvelles depuis, il semblerait que l'agence existe toujours. Quant à Canon...! Difficile de savoir comment ce type a pu finir. Nous ne le remercions pas en tout cas. Sa responsabilité dans cette affaire est certaine. Et l'agence, si elle n'est pas responsable, reste en tout cas incompétente et peu digne de confiance.

Les chances de retrouver ce type de matériel, intact, dans un pays comme le Cambodge... étaient quasi nulles. Nous avons eu une chance inouïe. A moins que ce ne soit un signe quasi divin de la nécessité absolue de continuer et de finir ce film !

« Par l’évolution des actes, celui qui dépouille est dépouillé à son tour.  »
(Bouddha)



vendredi 20 janvier 2012

Funan en campagne – Battambang

Après Kampong Cham, nous avons roulé jusqu'à Siem Reap où nous avons fait une charmante escale pour la nuit, dans un hôtel nommé le Golden Banana (belles prestations, tarifs pas excessifs, on vous le recommande).


En chemin, nous avons pu croiser des paysages magnifiques de rizières sèches au coucher du soleil.


Nous sommes finalement arrivés à Battambang, la deuxième plus grande ville du Cambodge après Phnom Penh. Elle est située au Nord Ouest du pays. Son architecture est encore celle qui existait à Phnom Penh dans les années 60, et c'est ce qui nous a poussé à aller la visiter. Il y a également autour de la ville de nombreux champs cultivés par d'anciens khmers rouges.





Nous avons hélas manqué de temps pour aller les visiter. Mais nous avons pu découvrir des paysans en périphérie de la ville qui nous ont fait faire une promenade en charrette, tirée par des boeufs !


Il n'est pas évident de tenir assis dessus sans être balloté dans tous les sens...! Il a ensuite plu à torrents en cours de route. Les villageois en ont été très heureux : cela faisait des semaines qu'il n'avait plu dans leur région. Ils ont donc pris notre venue comme un bon présage et ont été très chaleureux à notre égard.

Au passage, nous remercions chaleureusement Cannelle, qui nous a fait découvrir le Cabaret Vert, un charmant hôtel à Battambang qui organise des visites éco-touristiques dans la région, pour découvrir la culture locale et l'artisanat cambodgien. C'est l'un des amis de Cannelle, Mathieu, (travaillant dans cet hôtel) qui nous a permis de découvrir ces paysans proposant régulièrement des balades en charrette aux touristes. Un grand merci à Mathieu également donc.

jeudi 19 janvier 2012

Funan en campagne – Les hévéas

Sur le chemin pour aller de Kampong Cham à Battambang, nous sommes passés par une superbe forêt d'hévéas. L'une des plus grandes richesses naturelles du Cambodge.


L'hévéa est bien connu pour son latex, qui est ensuite transformé en caoutchouc. On pratique ainsi de longues entailles régulières sur l'écorce pour récolter le latex.




Stéphane en a profité pour nous parler un peu plus précisément de son travail : rattaché à la recherche française, il a pour mission d'enseigner aux cultivateurs cambodgiens des méthodes de culture durables, permettant de moins user leurs sols. Les Khmers ont en effet pour habitude de cultiver intensivement jusqu'à épuisement de leurs sols. De nombreuses surfaces sont ainsi aujourd'hui très appauvries et inutilisables. La méthode qu'étudie Stéphane et d'autres chercheurs mondiaux propose un renouvellement naturel des sols grâce à des plantes fertilisantes.


Il nous a expliqué très clairement qu'il était possible aujourd'hui de nourrir tout le monde au Cambodge avec leurs seules ressources naturelles ! Mais hélas les pouvoirs publics restent très frileux quant aux investissements nécessaires pour atteindre ce résultat... Les dépenses seraient loin d'être irréalistes mais le gouvernement reste prisonnier d'une inertie qui, hélas, rend toute évolution difficile dans ce pays...

On remercie encore très chaleureusement Stéphane pour son aide précieuse durant ce petit séjour à la campagne !

Funan en campagne – Kampong Cham

Notre petit groupe s'est déplacé le mercredi soir jusqu'à Kampong Cham, une ville au Sud Est de Phnom Penh, pas très loin de la frontière vietnamienne. Après une très courte nuit dans un hôtel recommandé par un guide touristique (et qui s'est révélé être... une maison de passe un peu sordide), nous nous sommes levés à 6h du matin le jeudi pour nous rendre dans un premier petit village à la campagne.

Notre cher 4x4 loué pour l'occasion !
Stéphane, qui travaille pour la recherche française au Cambodge, nous a servi de guide pour la journée : sa mission est, entres autres, d'enseigner des méthodes de culture "durables" aux paysans cambodgiens. 
Connaissant très bien les habitants de certains villages, il nous a introduit à des personnes prêtes à nous parler et à nous renseigner pour notre film. Et avec Denis parlant Khmer, nous n'avons même pas eu besoin d'interprète : sa bonhommie et son bagout ont suffi à mettre nos interlocuteurs en confiance.


Le premier petit village que nous avons visité (dont il nous faut retrouver le nom) est un village microscopique et assez pauvre. Des villageois ont expliqué à Denis que les paysans n'ont aucune aide pour reconstruire leurs maisons lorsque celles-ci sont endommagées. Nombre d'entre eux ont dû quitter le village pour cette raison.


Denis a longuement échangé avec un homme qui a pu vivre la période khmère rouge. Son témoignage nous a rappelé l'histoire de Funan et celle de tant d'autres, que nous avons pu découvrir dans des livres. Mais entendre quelqu'un, de chair et d'os, parler de ce qu'il a vécu reste un moment unique et émouvant.


Surtout que nous n'avions jamais rencontré cet homme jusqu'à ce jour, et que la majorité des gens du village étaient très craintifs à notre encontre. La générosité et la gentillesse de cet homme nous ont donc beaucoup touchés. 

Nous sommes ensuite allés dans le village de Popel, un peu plus grand et plus prospère, où nous attendait un contact de Stéphane : un homme respecté, qui fait beaucoup pour le développement de son village. Ce contact nous a ainsi fait faire un petit tour du coin. Les gens, globalement moins craintifs que dans le village précédent, nous regardaient passer avec beaucoup de curiosité. 


Nous nous sommes notamment rendus dans un temple attenant à une école. Sous le régime khmer rouge, ces lieux avaient été transformés en porcherie. Ils ont ainsi été massacrés par les animaux, laissés à l'abandon dans ces lieux de recueillement et de culte. Beaucoup de choses ont été reconstruites depuis.



L'homme nous a ensuite parlé de ce qu'il savait de l'époque khmère rouge. Il a fini par nous confier que replonger dans ce passé le faisait beaucoup souffrir. 

Faucilles utilisées pour récolter le riz
Puis nous nous sommes installés dans la cour de la maison de cet homme, où nous avons pu lui poser d'autres questions plus "factuelles". 

Ce que nous voulions prioritairement découvrir, au cours de ce voyage dans les campagnes, c'était la manière dont on pouvait travailler et vivre au quotidien, à l'époque des khmers rouges. Ce qu'il faut savoir, c'est que les camps de travaux forcés étaient en très grande majorité disséminés dans la campagne cambodgienne. L'objectif était de doubler la production de riz pour booster l'économie du pays (et accessoirement rembourser des dettes à la Chine). 
La famille de Denis a ainsi pu être soumise à des travaux dans des rizières, pour la construction de barrages ou de canaux d'irrigations. 

Nous avons donc demandé aux villageois comment ils cultivent le riz, et comment cela se faisait du temps de Pol Pot. On nous a très gentiment montré et expliqué tout ça...



Il s'est produit ensuite quelque chose d'unique : toute la famille s'est regroupée en cercle autour de nous – grands, petits, jeunes, personnes âgées. Et des femmes ont commencé à se livrer spontanément sur l'époque khmère rouge.


Surtout une femme, sorte de joyeuse commère du village, un sacré personnage ! Elle a parlé de la période, qu'elle a vécu à l'âge de 15 ans, avec une distance, une ironie et un humour inégalables. Elle a même fini par nous faire une démonstration des danses et chants révolutionnaires qu'elle a appris lorsqu'elle avait été embrigadée dans une chorale khmère rouge...


Ce moment reste, pour tout le groupe, inoubliable ! Peut-être le clou du voyage... 

lundi 16 janvier 2012

Nous avons passé une bonne partie du week-end à travailler sur le scénario : nous avons d'abord fait une liste des éléments de contexte qui nous paraissaient importants à mettre en place dans le film, pour le crédibiliser et lui donner toujours plus de chair. Comme nous avons découpé le film en 7 grosses parties, nous avons ensuite pu inclure ces éléments aux moments du film où nous le souhaitions. Puis nous avons attaqué l'étape du séquencier : étape ô combien importante s'il en est, elle nous permet de rentrer en profondeur dans le film.

En deux mots, il s'agit de découper le film en séquences, chaque séquence correspondant à une unité d'action (du type : le personnage rentre chez lui pour retrouver sa famille). C'est une sorte de squelette du film.
Cette étape précède celle du scène à scène, où l'on commence à avoir des indications comme "Ext. Rue. Jour". (Dans un séquencier, on ne détaillerait pas forcément les étapes par lesquelles passe le personnage pour rentrer chez lui par exemple.)

Ce travail va nous servir à écrire ce qu'on appelle habituellement un traitement, à savoir un résumé assez poussé (potentiellement d'une trentaine de pages) du film.

Nous entrons vraiment dans le détail, afin d'exploiter au mieux les nouveaux éléments collectés lors de nos recherches, et d'affiner notre travail sur les personnages.

Nous avons pu aborder ces aspects ce lundi avec Estelle, graphiste de profession, et webmastrice pour un site Internet qu'elle prépare : visiting-cambodia.com.


Ce site aura pour vocation de promouvoir la culture du Cambodge au sens large. Pour montrer qu'au-delà des clichés et des a prioris, il y a une vraie vie culturelle qui se développe et qui mérite d'être connue par le plus grand nombre.

Nous avons aussi pu parler de tout et de rien, de son parcours au Cambodge, de nos aspirations pour le film, des bons coins à Phnom Penh... Une rencontre très sympathique pour bien commencer la semaine !

vendredi 13 janvier 2012

Ce vendredi, nous sommes allés voir une performance de Séra, auteur de bandes dessinées. L'événement a eu lieu devant l'Institut Français. Séra a ainsi réalisé une toile pendant une heure devant un public de curieux et d'initiés.


Né à Phnom Penh en 1961, Séra a ensuite immigré en France en 1975. C'est aujourd'hui un plasticien qui travaille beaucoup ses images. Ses ouvrages ont effectivement tendance à aller vers le roman graphique, avec un style très affirmé et très travaillé.

Pour la toile, il a usé de peinture sous forme de tâches ou de jets, sur laquelle il a craché de l'eau (créant ainsi des traînées sur la toile). Il a aussi beaucoup peint avec ses mains.













Cet auteur travaille également sur des thématiques khmères rouges (comme L'eau et la terre, Lendemain de cendres), ce qui nous a donné l'envie de le rencontrer et d'assister à cette performance.

Et voilà donc le résultat :


jeudi 12 janvier 2012

Ces 4 derniers jours, nous avons enchaîné les recherches ! Nous sommes allés à la Bibliothèque Nationale, au Centre de ressources audiovisuelles Bophana, aux Archives Nationales du Cambodge, ainsi qu'au Document Center of Cambodia à Phnom Penh. L'objectif était de collecter des éléments de contexte nous permettant de nous inspirer d'autres faits réels pour préciser et enrichir l'univers de Funan.

La Bibliothèque Nationale a été assez décevante : ils possèdent effectivement une pièce réservée à des archives mais elles concernent toutes des ressources qui datent d'avant la période khmère rouge des années 70. (Remontant ainsi jusqu'au début du XXème siècle.)



Le Centre Bophana, lui, a été créé par Rithy Panh (réalisateur que l'on a évoqué dans l'article consacré à Tuol Sleng). C'est une petite bibliothèque et surtout un très grand réservoir d'archives audiovisuelles aux sources diverses (des images de l'INA, du Department Data Collection of Cambodia, de chaînes audiovisuelles françaises etc.) Nous avons ainsi pu visionner bon nombre de vidéos très précieuses sur la période khmère rouge (à la fois la manière dont les journalistes français ont pu couvrir le sujet, mais aussi des films de propagande de l'époque et des témoignages frappants).

Denis à Bophana

Les Archives Nationales du Cambodge, difficiles d'accès (payantes pour les étrangers), possède une grande banque d'images de l'époque (mais hélas très coûteuses : 10 $ l'image gravée sur un CD !) ainsi que de nombreux dossiers sur le sujet. (Nous en avons très peu parcourus, faute de temps : les horaires d'ouverture restent assez restrictifs.)

Le Document Center of Cambodia est un institut de recherche indépendant créé par l'un des survivants du régime khmer rouge. Il est en association avec l'Université de Yale. C'est à ce jour probablement le plus grand centre de ressources sur la période khmère rouge. Nous avons pu découvrir un certain nombre d'ouvrages, peu répertoriés ou accessibles en France, contenant de précieux témoignages ainsi que des photos de l'époque en couleur. (Très utiles pour les graphismes.)



Une référence intéressante que l'on a pu trouver.

Enfin, nous sommes régulièrement passés à l'Institut Français du Cambodge. Le lieu possède un restaurant tout à fait sympathique et accessible, tout comme une librairie fournie en livres français, anglais et khmers. La libraire, qui parle français, s'est montrée très accueillante et également très efficace en termes de recherches de documentation.



Passés ces 4 jours de recherche intensive, nous avons décidé de ne pas pousser plus avant, notamment pour le scénario : le danger, en se plongeant dans de telles recherches, est de se laisser submerger par la foule d'anecdotes (étonnantes, parfois immondes, d'autres très touchantes) et de perdre de vue le fil conducteur de notre film (l'histoire de la mère de Denis et de sa famille, qui ressemble à beaucoup d'autres, mais qui a une spécificité et une unité que l'on doit conserver). Ainsi, nous avons fait en sorte de ne garder que les éléments essentiels pour crédibiliser l'univers. (Toujours en utilisant nos fameux post-its !)

dimanche 8 janvier 2012

Pour ce dimanche, un petite pause bien sympathique entre deux sessions de boulot pour aller voir... des matchs de boxe thaï !

Erratum : d'après une source externe il semblerait que ce soit de la boxe khmère et non thaï, contrairement ce qu'on avait cru ! Mille excuses pour cette erreur :)



Nous avons fait longue route à bord d'un touk-touk pour arriver en périphérie de la ville. Jusqu'aux locaux d'une chaîne de télévision, BayonTV, où avait lieu les matchs.

Plusieurs matchs se sont succédés, avec un niveau croissant. Le dernier match était particulièrement spectaculaire avec des boxeurs qui bondissaient comme des félins. Il y a même eu un match féminin !













Le public était chaud comme la braise : ils applaudissaient, riaient à la moindre occasion. Les bookmakers défilaient dans les rangs avec leurs floppées de téléphones portables, probablement pour tenir au courant les parieurs de l'évolution des combats.


Au loin, on a pu apercevoir qu'une grande tombola pouvait faire gagner des vélos, des scooters... et des sacs de ciment.

Un beau cadeau de Magali à tout le groupe !

vendredi 6 janvier 2012


Avec le père de Denis, nous sommes partis vers le Sud de Phnom Penh. L'idée était d'atteindre Svay Ta Mekh, un camp où les personnages du film passent. Nous nous sommes aussi arrêtés en chemin lorsque les paysages pouvaient servir de référence au film. 

A bord de notre petit mini-bus nous avons donc beaucoup roulé. Nous nous sommes éloignés de la bruyante et grouillante Phnom Penh pour d'abord atteindre Takhmau, une ville un peu plus petite, où vit le cousin de Denis. 


Puis la campagne s'est déployée devant nous, verte et rayonnante. Bordés par une rivière, les villages ont défilé devant nos yeux, avec leurs petites cases et leurs cours d'eau servant à l'évacuation des eaux usées.



Nous sommes passés par hasard devant un lac magnifique, surmonté d'une pagode, où baignaient des lotus, des nymphéas. Un paysage hors du temps à la Monet. 




Nous sommes finalement arrivés à Svay Ta Mekh. Nous avons vu l'ancienne maison de l'un des personnages de notre histoire. L'actuel propriétaire nous a très gentiment permis de la visiter. 
La soeur de ce personnage est ensuite arrivée par hasard ! Il était très émouvant de croiser d'aussi près l'une des vies concernées par notre histoire. Le fait de visiter ces lieux que l'on va dépeindre nous a également beaucoup touchés.


Nous sommes ensuite allés nous balader sur un petit sentier s'enfonçant un peu plus dans la campagne, afin de prendre le maximum de références pour les graphismes. Nous avons croisé des vaches un peu craintives, un grand feu qu'attisait un paysan dans un champ, un autre paysan qui nous a laissés le prendre en photo.




Dépaysement garanti ! Nous avons ainsi récolté tout un tas d'images qui serviront à nourrir et à crédibiliser Funan